TÉMOIGNAGE D’UNE PATIENTE L’eskétamine, un rétablissement possible à la suicidalité

Le motif qui amène la clinique CTAH de Chicoutimi et les personnes intéressées à faire ce témoignage est de faire contrepoids au vent de pessimisme thérapeutique qui est souvent soufflé par ceux-là même qui devraient au contraire œuvrer avec détermination et fermeté à fournir, au bon moment, plus en amont du cours de la maladie, les meilleurs soins à ceux qui souffrent de maladie affective dans leur chair, le plus souvent en silence et dans l’insouciance de la société.

L’eskétamine intranasale (Spravato) est un produit récemment approuvé par la Food and Drug Administration (FDA) et par Santé Canada pour son utilisation dans la dépression réfractaire au traitement. Le traitement avec l’es kétamine est effectué au Québec dans le cadre d’un programme de distribution contrôlé programme JANSSEN JOURNEY.

Les personnes qui ont ici accepté de témoigner de leur expérience avec ce traitement, l’ont reçu à la Clinique des Troubles Anxieux et de l’Humeur (CTAH) de Chicoutimi sous la supervision directe d’une infirmière. Ce traitement comporte deux phases : une phase d’induction (1 à 4ème semaine) au cours de laquelle le patient reçoit une dose de 84 mg, sauf la première à 56 mg, en deux séances espacées d’une journée; une phase d’entretien au cours de laquelle il reçoit une dose de 84 mg une fois par semaine pendant un mois et une dose aux deux semaines pour les quatre mois suivants. Un suivi prospectif post traitement est assuré par la clinique CTAH afin d’assurer la continuité du traitement et de bien documenter l’efficacité et l’innocuité de l’utilisation de l’eskétamine à long terme.

Il est important de souligner que dans un contexte de dépression résistante au traitement classique, le traitement avec l’eskétamine peut être considéré comme un traitement nécessaire, mais il n’est pas suffisant. On se doit d’aller au-delà de l’épisode actuel avec ses caractéristiques de résistance ou de suicidalité et traiter le trouble de l’humeur sous-jacent en tenant compte des variables cliniquement déterminantes que sont la charge héréditaire, le tempérament affectif de base, le mode d’évolution et la réactivité à la médication ainsi qu’au stress.

Dr. Benoit Croteau

Médecin psychiatre